Luc Valdelièvre
Lithographe créateur de l'atelier Pousse Caillou
Dès le début de son activité de lithographe et tout au long de sa carrière, Luc Valdelièvre a eu le souhait de faire connaître cette technique méconnue qui a parfois une mauvaise image à cause de pratiques discutables par certains artistes ou ateliers peu scrupuleux. Il défendait la lithographie sur pierre, parfois délaissée par certains ateliers et affichait ce texte lors d’expositions :
"Des préjugés sur l'estampe en général, et sur la lithographie en particulier, engendrés par le manque d'information ou la désinformation.
La mauvaise opinion cas parfois le public sur les techniques de l'estampe a son origine de réels abus, tel que tirages fantômes et retirages indélicats dont ont pu se rendre coupables des éditeurs, des artistes ou des ateliers, à une époque (il y a une vingtaine d'années environ) où le marché presque euphorique transformait les presses lithographiques, aux yeux de certains, en véritables « planches à billets » ; cette période est bien révolue, il n'en est pas toujours de même de ses excès… Si l'on peut comprendre ces tentations, sans les excuser, il est urgent que le jugement sévère et durable, que certains portent sur ceux qui ont succombé, ne s'étende pas à toute une profession qui traîne maintenant cette casserole depuis assez longtemps pour que l'objectivité et le bon sens reprennent leurs droits.
Pour ma part je n’accorderai pas ma compréhension ni mon indulgence à Salvador Dali et ses complices, dans la production de faux et leur diffusion au prix fort, sous sa signature, a représenté pour toutes les professions de l'estampe une réelle prédation, dans les marques ne sont apparemment pas toutes effacées à ce jour dans l'esprit du grand public. Il est vrai que, trop souvent, des articles de presse nous remettent en mémoire ces dérapages, créant inévitablement la confusion dans l'esprit du public, et entretenant une méfiance difficile à désamorcer.
Tel ou tel atelier, il est vrai, ne fait pas mystère d'une conception très élastique de « l’originalité" des « lithos » qu'il produit, sans parler de la notion technique de lithographie, qui n'y est qu'un souvenir, attendrissant ou folklorique. Dans ce domaine, seul le public est abusé, à qui on vend une reproduction en la parant de tout le prestige, de toutes les vertus et de toutes les qualités de l'œuvre originale ; il est vrai que – est-ce un hasard ? - le genre d’art servi par ses officine n'a que peu à voir, en général, avec la réelle création artistique… Dans ce domaine, le pouvoir d'information ou de désinformation est entièrement entre les mains des diffuseurs et marchands, dont malheureusement les préoccupations commerciales ne rejoignent pas toujours le souci de rigueur et de bonne connaissance du sujet que le public, mal informé au départ, devrait pouvoir attendre d’eux.
Notre activité est au service de créations originales sous forme de multiples, plus accessibles à un large public que des œuvres uniques ; nous n'avons pas de préjugés à l'encontre de tel ou tel procédé technique, à condition que celui-ci soit au service de la création et non de la reproduction, que nous ne pratiquons pas. Dans le domaine de la reproduction, précisément, certaines techniques atteignent maintenant une qualité remarquable ; par honnêteté, par souci d'information, par respect du public, elles doivent être identifiées et diffusées comme telles, ce qui n'est hélas pas le cas, trop souvent.
La lithographie telle que nous la pratiquons demande l'implication de l'artiste du début à la fin du processus ; il travaille sur les pierres à l'atelier, nous sommes à la disposition de son activité créatrice, pour résoudre les problèmes techniques qui peuvent se poser à lui, en suggérant, en suscitant ou en expérimentant, pour lui faire profiter au mieux de notre expérience : ensemble nous mettons au point un tirage qui satisfera, pour l’un, ses aspirations de création par l'intermédiaire d'une technique à la fois exigeante et riche de ressources infinies, et pour les autres, un souci de réalisation de la meilleure qualité technique et inventive possible.
Rares sont les artistes qui, après s’être essayés à l’art lithographique, n’ont pas cherché à approfondir la connaissance par de nouvelles expériences, enrichissant leur activité de créateurs de ses ressources infinies. Depuis deux siècles, cette merveilleuse technique de création et de multiplication à su séduire tous les artistes, célèbres ou non, et prendre une part très active dans la diffusion de l’art."