Hommage à Luc Valdelièvre

Je suis arrivé chez Pousse Caillou avec une expérience de deux pierres, c’est-à-dire presque rien. Séances de questions-réponses à l’atelier : « et si on fait ça ?… » Luc, qui connaissait ma peinture, me regardait et me répondait. Quelques fois, il me disait aussi, tout simplement : « Je ne sais pas, essaie… » Patiemment, il me calait les pierres debout, pour les retrouver éclaboussées d'encre et d'eau. Il fixait les auréole d'huile qui se formaient autour des traits : « Oui, on peut imprimer les auréoles, si tu veux ». Restituer le plus transparent lavis et les traces de doigts aussi. Je voulais travailler la couleur, voir de plus près les superpositions de ces encres qui ne réagissaient pas comme la peinture. Alors on partait ensemble pour la journée.

Le plus difficile, finalement, était de ne pas perdre l'autre en route. Avec l'acide et le savon, c'est presque comme la peinture… à quatre mains. Jaune, violet. Puis, entre deux essais, sans quitter la presse des yeux, je demandais : « Plus rouge, Luc, rouge sang ». Quelques épreuves après, de toutes les nuances possibles, c'était le rouge que j'avais en tête et que Luc avait vu. Aussi, il y avait le rose indien, bien gluant à nettoyer, et le vert amande qui est aussi mauve et gris. Luc n'aimait pas les épreuves « toile cirée » mais me laissait toujours la possibilité du dernier jus pour tout lier ensemble.